La tragédienne surnommée « la Divine », la « Voix d’or » ou encore le « monstre sacré » est restée dans les mémoires pour son style emphatique et son élocution dramatique. Très tôt, Sarah Bernhardt entretient une légende autour de sa personne.
Dès son adolescence, le duc de Morny, son tuteur, lui donne la possibilité de suivre des cours d’arts plastiques. Après la guerre de 1870, la crise économique l’amène à fréquenter l’Académie Julian pour apprendre le modelage et la peinture à travers l’anatomie; elle se perfectionne sous l’égide de Roland Mathieu-Meusnier et Jules Franceschi.
D’abord attirée par le naturalisme (Après la tempête, 1876) ses pièces influencées par le symbolisme se chargent d’une teinte plus sombre. Avec Le Fou et la Mort, elle revient au théâtre : le bronze représente le héros du Roi s’amuse, Triboulet. Dans ce drame romantique de Victor Hugo, c’est un être difforme et cruel qui conduit le roi aux pires débauches.
Sarah Bernhardt expose au Salon de 1874 à 1897, où elle est admirée par la critique, comme celle d’Émile Zola. Sa Jeune fille et la Mort de 1880 est reçue “moins comme un résultat qu’une promesse”. Elle présente une dague-sculpture intitulée Algues à l’Exposition Universelle de 1900. Travaillant le bronze, la terre cuite et le marbre, les lignes fluides et l’aspect végétal de ses oeuvres sont inspirées de l’Art Nouveau. Elle s’essaie à des genres et dimensions variés, que ce soit la statuaire monumentale ou de petites pièces décoratives.
Sarah Bernhardt dépeint ses amis artistes, comme Louise Abbéma. Elle traite aussi de thèmes allégoriques qui donnent lieu à de curieux assemblages, ainsi qu’en témoigne cet autoportrait de fantaisie en chauve-souris encrier. C’est sa sculpture la plus connue et la plus reproduite. On connaît une quarantaine d’oeuvres de sa main, plusieurs ayant disparues : www.culture.gouv.fr/Sites-thematiques/Musees/Nos-musees/Valorisation-des-collections/Les-femmes-artistes-sortent-de-leur-reserve/Icones/Bernhardt-Sarah.
Soucieuse du contrôle de son image, Sarah Bernhardt choisit George Clairin et Louise Abbéma pour ses portraits officiels. Dotée d’une fibre commerciale redoutable, elle n’hésite pas à se mettre en scène et à associer son nom à des produits de consommation. Son style inspire la mode et la publicité; elle fait appel à Alphonse Mucha pour dessiner toutes ses affiches de spectacles à partir de 1894.
Cette facette moins connue de sa carrière est aujourd’hui redécouverte par plusieurs doctorantes et masterantes qui consacrent leurs recherches aux créatrices de la fin du 19e siècle. En attendant une exposition sur les sculptrices de cette période, peut-être ?